LIRE DANS UP : Terres et métaux rares : l’arme fatale de la Chine dans la guerre économique
Et dans le bras de fer commercial entre la Chine et les États-Unis, Pékin s'est plu à rappeler cette dépendance. Le 22 mai dernier, au moment où Trump alourdissait les sanctions contre le géant chinois Huawei, Xi Jinping est allé tranquillement visiter une usine de traitement de ces métaux stratégiques ; une manière subtile de laisser planer la menace de bloquer les exportations.
Une semaine plus tard, le message était encore plus clair. « Si quelqu'un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que (...) le peuple chinois sera mécontent », a mis en garde un responsable de la puissante agence de planification économique.
Mardi 4 juin, la menace s'est faite plus précise. La puissante agence de planification économique chinoise a tenu une réunion sur un possible « contrôle des exportations » de terres rares. « Selon les suggestions des spécialistes (...) nous devons renforcer les contrôles à l'exportation et établir un mécanisme de traçabilité et d'examen pour l'ensemble du processus d'exportation des terres rares », a indiqué la NDRC à l'issue de cette réunion.
Que se passerait-il si la Chine menait ses menaces à exécution ? Un précédent existe. Il remonte à 2010 quand, en représailles à un différend territorial, Pékin avait brutalement interrompu ses exportations de terres rares vers le Japon, mettant les entreprises de hautes technologies nippones en grandes difficultés.
Aussi Washington réfléchit à un plan d’action. L’administration Trump compte ainsi accélérer la recherche, le développement et le déploiement de méthodes de recyclage et de réutilisation de ces minéraux stratégiques, trouver des alternatives et aussi diversifier l'approvisionnement et améliorer les processus d'extraction, de séparation et de purification. De fait pour certains des minéraux concernés, les Etats-Unis disposent bien de la matière première mais pas du savoir-faire pour les rendre utilisables par l'industrie.
Washington compte aussi renforcer la coopération et améliorer le commerce international de ces minéraux avec ses alliés. On pense ainsi à la Corée du Sud qui produit 20 à 30 % de certaines des terres rares utilisées dans le monde.
Le plan stratégique prévoit également de faire un recensement précis des ressources naturelles disponibles dans le pays pour pouvoir les exploiter. Mais il compte aussi faire la nomenclature de sources d'approvisionnement moins traditionnelles, comme l'extraction à partir de l'eau de mer ou de déchets du charbon. Et comme elle l'a fait pour d'autres industries, l'administration veut déréguler pour accélérer les choses. Le gouvernement veut enfin s'assurer qu'il disposera de la main-d’œuvre qualifiée nécessaire pour mener à bien son projet et bâtir une base industrielle nationale solide. En aura-t-il le temps ?
La menace sur les terres rares ne concerne pas que les États-Unis. L’Europe aussi est extrêmement dépendante des importations étrangères et principalement chinoises. Le continent se met donc à explorer son potentiel minier. Signe encourageant, la découverte d’importantes ressources de lithium au Portugal et de tungstène en France, en Ariège. Des ressources dont l’extraction posera d’immenses questions environnementales. Signe des temps, lors du premier Conseil de défense écologique, qui s’est tenu à l’Élysée le 23 mai dernier, le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a tracé les grandes lignes d’un projet de réforme du code minier qui devrait être mise en place d’ici la fin de l’année.

Avec AFP
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.