OneGlobalLocal->FranceWebSharing..->Visite d'Emmanuel Macron à Bucarest, Ce que la France peut apprendre de la Roumanie, Au lieu d'essayer d'imposer des changements au niveau européen, agissez en France d'abord !

FIGAROVOX/TRIBUNE - Bogdan Calinescu, direct de l'IREF, voit dans la visite d'Emmanuel Macron en Roumanie une occasion de renouer avec un pays encore francophile mais qui s'éloigne de plus en plus de la France.
Bogdan Calinescu publie en France sous le pseudonyme de Nicolas Lecaussin. Il est Directeur de l'IREF et a écrit plusieurs essais dont Cet État qui tue la France, L'absolutisme efficace, Au secours, ils veulent la peau du capitalisme, L'obsession antilibérale française, Échec de l'État (coauteur)…
Monsieur le Président, vous allez visiter l'un des pays qui a le plus souffert du communisme mais qui est aujourd'hui en pleine croissance économique. Vous rencontrerez un président issu de la minorité des Saxons de Transylvanie, avec un prénom et un nom typiquement allemands, dont l'élection en 2014 a été largement saluée en Europe comme un bel exemple de démocratie… Par contre, méfiez-vous du Premier ministre et du gouvernement issu d'un parti de gauche avec de nombreux anciens apparatchiks dans ses rangs, certains déjà condamnés ou poursuivis pour corruption. Un parti qui a gagné les élections en décembre dernier surtout grâce à un taux d'abstention frôlant les 60 %...
La Roumanie a beaucoup de points communs avec la France mais aussi énormément de différences. Il est vrai, ça reste un pays francophone avec encore beaucoup de jeunes et d'intellectuels francophiles. Mais, malheureusement, cela se perd de plus en plus. Les étudiants préfèrent aller étudier à Londres, en Allemagne, au Canada ou aux États-Unis… Pour ce qui est du nombre, il y a environ 4 000 étudiants roumains en France, en baisse de plus de 7 % depuis 2010 (à titre de comparaison, la France accueille plus de 36 000 étudiants marocains), la Roumanie arrivant même en queue du peloton (19ème sur 20 pays d'origine des étudiants étrangers en France) selon le classement Campus 2017.
Il y a une grande différence que vous devrez comprendre Monsieur le Président. Contrairement à la France, la Roumanie est un pays qui croit énormément en ses racines chrétiennes (orthodoxes) et voit la laïcité comme une trahison de son Histoire. En Roumanie, vous verrez des jeunes faire le signe de la croix juste en passant devant une église, vous entendrez des messes en pleine rue ou au Parlement avant les sessions ou bien avant le coup d'envoi de certains matchs de foot! Vous verrez des milliers de personnes se marcher dessus lors des fêtes de certains Saints et aussi le baisemain fait aux popes (prêtres) en pleine rue. D'après plusieurs sondages récents, les Roumains ont peur des migrants musulmans malgré de nombreux étudiants originaires des pays du Moyen Orient qu'on peut apercevoir en période scolaire dans les grandes villes universitaires de Roumanie. Les pays de l'Europe de l'Est n'ont pas connu d'attentat et on s'assoit en terrasse ou l'on prend les transports en commun sans regarder inquiets à gauche ou à droite…
Pour ce qui est de son économie, vous devriez prêter attention à quelques réformes qui pourraient vous inspirer comme la flat tax (impôt à taux unique pour tout le monde) à 16 %, ce qui a rendu la vie des entrepreneurs et des contribuables beaucoup plus facile tout en augmentant les rentrées fiscales. La Roumanie connaît des taux de croissance (3-4 % par an et 5,7 % au dernier trimestre) qui feraient pâlir d'envie n'importe quel pays au monde (avec la Pologne, la Roumanie affiche les plus forts taux de croissance du PIB en Europe).
Vous souhaitez aborder le problème des travailleurs détachés en France en affirmant que vous souhaitez encadrer plus ce statut. C'est assez contradictoire avec vos convictions européennes et les principes de libre circulation. Comme vos prédécesseurs, vous invoquez le risque de «dumping social» tout en proposant une certaine «harmonisation sociale» européenne qui a, heureusement, très peu de chances d'aboutir. Les chefs d'entreprise français croulent sous les impôts, taxes et charges alors qu'un chef d'entreprise en Roumanie par exemple est imposé à 16 % (flat tax) tant en matière d'IR que d'IS... et à 5 % sur les dividendes. Les charges sociales représentent souvent en France presque l'équivalent du salaire net ; en Roumanie, elles n'en dépassent pas 50 %! Au lieu d'essayer d'imposer des changements au niveau européen, agissez en France d'abord! Ne faudrait-il pas s'attaquer plutôt à une vraie réforme du marché du travail en France accompagnée d'une baisse massive des impôts et charges qui étouffent les entrepreneurs français?
Monsieur le Président, la Roumanie est encore un pays francophile mais qui s'éloigne de plus en plus de la France. Votre visite est l'occasion de séduire à nouveau ce pays grâce aux notions de liberté, de civilisation et d'échanges.
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Travailleurs détachés: Macron parie sur un accord avant la fin de l'année
VIDÉO - En déplacement en Roumanie ce jeudi, Emmanuel Macron n'a pas réussi à obtenir d'accord explicite sur une réforme de la directive des travailleurs détachés. Il reste néanmoins «persuadé» qu'un accord sera trouvé avant la fin de l'année.
Emmanuel Macron poursuit sa tournée en Europe de l'est sur le thème des travailleurs détachés. Après l'Autriche mercredi, le président français s'est rendu ce jeudi à Bucarest, en Roumanie, pour rencontrer le président Klaus Iohannis et échanger sur un éventuel durcissement des règles sur le travail détaché. Mais le président français, qui souhaite une «refondation en profondeur» de la directive, n'a pas réussi à obtenir d'accord avec son homologue roumain. Si Klaus Iohannis a estimé que la directive européenne sur le travail détaché devait en effet être améliorée, il n'a pas exprimé d'accord clair avec Emmanuel Macron sur la nécessité de le faire d'ici janvier et selon les termes du président français.
Emmanuel Macron s'est toutefois dit «persuadé» qu'un accord serait trouvé avant la fin de l'année, estimant que faute d'amendement, le dumping fiscal et social engendré par la directive mettrait en danger l'Union européenne. Si rien n'est fait, «ça éclatera», ce sera «un démantèlement de l'Union européenne», car «aucune opinion publique des pays fortement développés n'acceptera le système tel qu'il fonctionne», a estimé le chef de l'État français.
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Espérant certainement convaincre son homologue roumain, il a ajouté qu'il soutiendrait l'entrée de la Roumanie dans l'espace Schengen, une fois que les règles de cet espace auront été rénovées. «Vous êtes en droit de demander votre intégration dans Schengen. J'y suis totalement ouvert» a-t-il indiqué. Par ailleurs, le président français a accepté de séparer la question des transporteurs routiers qui circulent en Europe, sujet très sensible en Roumanie: «Nous aurons ensuite une autre négociation sur le transport routier», a-t-il assuré.
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La veille, le chef de l'État était en déplacement en Autriche, où il a rencontré le chancelier Christian Kern. Là-bas, Emmanuel Macron n'a pas hésité à durcir le ton d'emblée. Selon lui, la directive des travailleurs détachés est une «trahison de l'esprit européen dans ses fondamentaux». Il a ajouté que «le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs n'ont pas pour but de favoriser les pays qui font la promotion du moindre droit social». Emmanuel Macron fait ainsi de la refonte du système actuel une mesure indispensable pour lutter contre les arguments populistes. «C'est ce qui dans nos pays nourrit le populisme et érode la confiance dans le projet européen», a-t-il déclaré.
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Lors d'une conférence de presse commune mercredi, la France et l'Autriche ont indiqué avoir un «parfait alignement» de vues sur le dossier. Après avoir rencontré, lors de ce déplacement en Autriche, ses homologues tchèques et slovaques - qui refusaient a priori de toucher à cette directive, Emmanuel Macron a déclaré: «Nous avons des différences de situation mais je crois en l'Europe des bonnes volontés», avant de mentionner un «compromis» qui devrait se conclure aux alentours du mois d'octobre. En quête du même objectif, Emmanuel Macron se rendra vendredi en Bulgarie. La première ministre polonaise Beata SzydloPologne, opposée à une refondation de la directive, a néanmoins averti ce jeudi que le point de vue de Varsovie ne changerait pas: «Nous ne changerons pas de position. Nous la défendrons jusqu'au bout parce que c'est une position favorable aux intérêts des travailleurs polonais», a-t-elle déclaré à la presse.